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Pourquoi le journalisme de données est-il né ?

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2/ Pourquoi le journalisme de données est-il né ?

Nous vivons désormais dans un monde où les données sont devenues un mode d’appréhension du réel : capteurs, puces RFID, informations fournies par les téléphones portables…). Et notre société contemporaine croule sous les données. C’est ce que certains appellent le data-déluge. D’autres parlent d’infobésité.
Elles sont devenues un enjeu majeur dans le paysage de l’information.
En témoignent les fusions acquisitions dans les medias : en 2010, Google a racheté Metaweb, une petite société de San Francisco, spécialisée dans les solutions pour le Web sémantique. Et ce qui intéressait Google dans cette société, c’était sa Freebase, une base de données structurée, riche d’environ 12 millions « d’objets » (soit une personne, un lieu ou une chose, du dernier film tendance à une collection de lacs), maintenue par Metaweb et enrichie par des internautes.
La même année, le Huffington Post rachète Adaptive Semantics pour gérer sa modération des commentaires en ligne. CNN rachète Zite qui est un agrégateur de flux RSS.

Si les grands des médias mettent la main sur des outils agrégateurs sémantiques ou open source, c’est que les données prennent une valeur capitale et se substituent même aux véhicules d’information classiques que sont le texte, le son et l’image. Parce qu’elles permettent d’encapsuler un volume de sens beaucoup plus important que les langages classiques.
Ces nouvelles sources d’informations, cette nouvelle manière de la chercher sont pour les journalistes un nouveau terrain d’investigation. Certains lui ont donc associé une nouvelle manière de la présenter – qui s’adresse plus à l’intelligence visuelle qu’à l’intelligence verbale – et font émerger une nouvelle grammaire de l’information. Alors que des sources d’information abondantes et gratuites prolifèrent sur la toile et sont directement accessibles à tous, le journaliste en analysant les données, en les triant, les vérifiant, les comparant, les contextualisant, les mettant en forme clairement et leur donnant sens reconquiert sa légitimité professionnelle. Le journalisme de données permet de gérer la complexité et d’offrir au public le choix de la granularité (en proposant des indicateurs au niveau du pays, de la région, de la commune, du quartier…).

Le journalisme de données s’inspire du travail précurseur d’Adrian Holovaty et de ses cartes du crime de Chicago, qui étaient l’une des premières applications dont le contenu provenait de plusieurs sources d’information (ce que les informaticiens ou les vidéastes appellent des mashups) développé via Google Maps.

En 2006, Holovaty écrit le manifeste fondateur du journalisme de données « a fundamental way newspaper need to change » : il montre que les journalistes au quotidien gèrent des données mais les perdent au fur et à mesure du traitement de l’information. Il faut donc structurer les données, les mettre en base et Holovaty prône l’idée que les entreprises de presse doivent devenir productrices de données.

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En Grande-Bretagne, le Guardian s’érige en tête de proue du militantisme pour la libération des données en lançant la même année une campagne « Give us back our crowd jewels » pour que soient libérées les données du cadastre.
Et en 2007 le New York Times signe un partenariat avec IBM.

Vidéo (15’51) « introduction au data journalisme » par Caroline Goulard
Etalab – atelier de travail 13 octobre 2011 :
http://www.etalab.gouv.fr/pages/atelier-de-travail-du-13-octobre-2011-datajournalisme-5913723.html